AimeTaVille, par Philippe DRUON, urbaniste

CHOCOLAT

S’il est une friandise que les fêtes honorent avec gourmandise, c’est bien le chocolat. « Prenez du chocolat afin que les plus méchantes compagnies vous paraissent bonnes », écrivait Mme de Sévigné dans une lettre à madame de Grignan."

 Mais pourquoi donc un président de CPIE vous parlerait-il de chocolat, cher lecteur ? Vous allez voir !

 Il est étonnant tout d’abord que, dans le langage parlé, « être chocolat » désigne un état plutôt désagréable d’une personne ayant le sentiment de s’être fait berner, duper, gruger. Les origines de cette expression semblent confuses, mêlant la boxe, le cirque ou la couleur de peau (http://www.francparler.com/syntagme.php?id=393). « Etre chocolat » : c’est « être dindon ». Là on comprend mieux.

 « Etre chocolat » serait donc l’opposé de l’expression « Avoir la pêche » que, dans cette région, beaucoup de nos concitoyens traduisent par « Avoir la frite », même si, quand on le dit, on oublie souvent la lenteur de digestion de ce plat local !

 Mais voilà que nous apprenons qu’il y a péril sur la ressource : je veux parler du chocolat, bien sûr, car, sur la frite, je n’ai rien entendu d’alarmant. Les pays émergents en général et les chinois en particulier se trouvent un nouveau goût particulier pour le chocolat et cela risque bien de nous provoquer une flambée des cours de cette denrée tant convoitée, pouvant aller jusqu’à la privation. Pendant les fêtes de Pâques, j’ai pu voir à la télévision, comme vous surement, plusieurs reportages nous montrant, dans un premier temps, les qualités gustatives et même médicales du produit et dans un deuxième temps, le risque de pénurie !

 Cela ne vous fait pas penser à quelque chose ?

 Eh oui : au pétrole bien sûr ! Voilà que cet « or noir » sur lequel nous avons assis toute notre économie vient à manquer, pour les mêmes raisons que le chocolat : « une demande émergente ». Autrement dit, voilà que les coûts d’extraction vont devenir bientôt plus chers que le coût du produit lui-même. Et là, je vous renvoie sur l’excellent reportage qui a été diffusé plusieurs fois sur LCP - La Chaine Parlementaire - très bonne chaîne de télévision au demeurant - et au traditionnel affrontement entre ceux qui pensent que la technique permettra de sortir de cette impasse et ceux qui pensent que ce mauvais pas doit être l’occasion d’un changement d’attitude.

 « Il est trop tard pour être pessimiste » a l’habitude de dire Arthus Bertrand, observateur infatigable de notre planète, vue du ciel. Philippe Frutier, lui aussi passionnant photographe aérien et arrageois, et producteur de nombreux ouvrages magnifiques sur notre région, nous parle souvent du recul que donne l’observation de notre région « entre ciel et terre ». C’est la première fois depuis les origines que l’homme connait et décrit aussi bien son environnement, les menaces qui pèsent sur lui, les causes des désordres que la planète et le climat peuvent connaître si nous ne revenons pas à plus de sagesse dans notre manière de vivre et nos comportements.

 Pas facile … car nous avons pris de mauvaises habitudes et il nous faut revenir sur des acquis !

 Sachons alors écouter les sages et les experts, de Pierre Rabhi au GIEC, des plus confidentiels aux internationaux. Ils nous disent une même chose : nous devons « avoir la pêche » environnementale …. Cela nous évitera « d’être chocolat » !


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