AimeTaVille, par Philippe DRUON, urbaniste

GRAND DEBAT

Grand Débat National. A l’initiative du gouvernement, depuis le 15 janvier jusqu’au 15 mars, la France débat. En réalité, reconnaissons-le, l’initiative de ce débat revient aux Gilets Jaunes. Sans eux, nul doute que nous serions encore dans notre train-train journalier. Depuis quelques semaines, les Français se rassemblent et se causent autour de 4 thèmes au moins : la fiscalité, les services publics, la transition et la citoyenneté. Vaste débat !

Débat : le mot vient de dé et battre. Par extension, nous dit le dictionnaire, « un débat est une contestation, une altercation. Au sens figuré, un débat est un conflit intérieur à un individu entre des options ou des pulsions contradictoires ». (www.toupie.org).

Car depuis mi-novembre, la France a suspendu son activité habituelle. Même les fêtes de fin d’année s’en sont trouvées toutes bouleversées ! Après la découverte médiatique de nos plus beaux giratoires repeints en jaune, les chaînes d’info diffusent en boucle les manifestations de fin de semaine, renommées « actes » : ces actes de foi, actes d’autorité, activistes, acteurs, … font l’Actualité en continu entre deux samedis, entre deux entr’Actes !

Après deux débats, j’ai pu constater qu’il y avait, dans ces réunions, un grand défouloir et un grand écart entre des propositions pratiques et des aspirations idéalistes. Mais ce qui réunit l’ensemble des participants, le plus souvent, c’est l’aspiration à une plus grande justice. C’est dans les utopies que sont nées les plus grandes évolutions sociétales. Tout le problème est de savoir comment ces évolutions pourront se faire ? Si les aspirations de plus grande justice, d’égalité et de fraternité sont louables, elles se heurtent souvent aux acquis, aux « prés carrés », aux privilèges nés parfois « de la nuit des temps ». Le dernier rapport de la Cour des Comptes rendu public cette semaine est à ce sujet « éclairant ».

Les maires sont redevenus, à l’occasion du Grand Débat National, des interlocuteurs de proximité. Sur la circonscription d’Arras, 86 % des communes ont ouvert un cahier de doléances. Si c’est une bonne chose que le citoyen retrouve le chemin de la chose publique, il est tout aussi important que les représentants de la République ne soient pas « hors-sol », écoutent et permettent d’accéder à la légitime demande de justice sociale des citoyens qui les ont élus.

Tout se jouera donc dans l’appréciation du mot Justice ! Les politiques, à l’issue du Grand Débat National, devront se montrer justes. Ils auraient tort de rester « raides comme la justice » !


ARTICLES