AimeTaVille, par Philippe DRUON, urbaniste

LA VILLE EN CITATIONS

La ville en quelques citations

Les quelques pages ci-après rassemblent des citations d’auteurs sur la ville. Ces phrases sont autant d’opinions, d’angles de vue, de perceptions personnelles.

Quelques points communs les rassemblent : la Ville n’est pas une somme de bâtiments ou de lieux : elle est le ferment d’une société qui se cherche et se construit avec plus ou moins de bonheur. Lieu de fracture, c’est aussi le lieu de la construction du vivre ensemble.

Certaines citations tentent d’opposer Ville et Campagne : héritage de la cité industrielle du 19ième siècle, la première serait le lieu de la perdition et des miasmes ; la seconde le seul Eden où l’homme trouverait son salut.

Quelques-unes d’entre elles nous rappellent l’importance de la place du citoyen dans la construction de la cité.

Enfin, certaines phrases peuvent guider l’urbaniste dans son exercice professionnel.

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 « La ville doit être bâtie de façon à donner à ses habitants le bonheur et la sécurité »

Aristote

 « Les habitations font la ville mais les citoyens font la cité ».

 Jean-Jacques Rousseau

  « La rue est le cordon ombilical qui relie l’individu à la société »

 Victor Hugo

 « La ville est la plus complète et la plus réussie des entreprises de l’Homme de refaire le monde à l’image de ses désirs. Mais, si la ville est le monde que l’Homme créé, elle est aussi le monde dans lequel il est condamné de vivre. Ainsi, indirectement, et sans pleinement connaître le sens de son action, en faisant la ville, l’Homme se change lui-même » 

Robert Park, On Social Control and Collective Behavior, 1967

 

 « L’utopie est ce qui manque le plus : c’est le seul réalisme capable de dénouer les nœuds de l’impossible »

                        ???? 

 « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous : Il est moins à découvrir qu’à inventer ».  

Gaston BERGER, 1960

 « Les projets rassemblent, les intérêts déchirent » 

Jean-Paul DELEVOYE, 2012

  « Nous n’habitons pas la même planète que nos aïeux : la leur était immense, la nôtre est petite ! » 

Bertrand de Jouvenel 1968

 « Une manière commode de faire la connaissance d’une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. »

 La peste, Albert Camus

« Des villes et encore des villes ; j'ai des souvenirs de villes comme on a des souvenirs d'amour: A quoi bon en parler ? Il m'arrive parfois, la nuit, de rêver que je suis là, ou bien là, Et au matin je m'éveille avec un désir de voyage. »

 Les Poésies de A.O. Barnabooth [Valery Larbaud]

  « Il faut connaitre Aix, la tranquillité de ses rues ou l'heure pousse, le sommeil qui endort la ville entière, pour comprendre quelle existence vide y mènent les étudiants. Ceux qui travaillent ont la ressource de tuer les heures devant leurs livres. Mais ceux qui se refusent à suivre sérieusement les cours n'ont d'autres refuges, pour se désennuyer, que les cafés, ou l'on joue, et certaines maisons, ou l'on fait pis encore. »

 Nais Micoulin [Emile Zola]

 « Citant Sartre, je leur dis souvent : l'enfer, c'est les autres - et j'ajoute : le paradis aussi ! Oui, dans les rues des villes et des cités périphériques où je me balade quotidiennement, tous âges, tous sexes, toutes ethnies et toutes conditions mêlés, il m'arrive de croiser des anges. Le paradis est là. Même si Dieu n'existe pas. »          

 Mémoires d'outre-mère de Guy Bedos

  « La vie change-t-elle quand on change de ville ? » 

 Nouvelles sous ecstasy de Frédéric Beigbeder

 « L'une des ironies de notre époque, c'est que, en même temps que la rue est devenue la denrée la plus demandée de la culture publicitaire, la culture de la rue se voit elle-même prise d'assaut. De New York à Vancouver et à Londres, les sévères mesures policières contre les graffiti, l'affichage, la mendicité, l'art dans la rue, les jeunes avec leurs raclettes à pare-brise, le jardinage communautaire et les vendeurs à la sauvette sont rapidement en train de criminaliser tout ce qui fait vraiment la vie de la rue dans une ville. »

 No logo de Naomi Klein

  « Toutes les villes ont un cœur, et ce qu’on appelle le cœur d’une ville, c’est l’endroit où son sang afflue, où sa vie se manifeste intensément, où sa fièvre se déclare, sorte de carrefour où toutes ses artères paraissent aboutir. Mais le cœur de Paris a ceci de particulier, c’est que chacun le place où il l’entend. Chacun a son Paris dans Paris. »

 Mémoires d'un tricheur [Sacha Guitry] 

 « Ce qu’ils veulent, dans les villes, c’est pouvoir se promener dans les rues, la nuit, sans se faire agresser. Pouvoir dormir dans leurs lits sans craindre les voleurs et les assassins ». 

 Le Quatrième K [Mario Puzo]

  « Une ville n'est pas seulement constituée de pierre et de verre, de fer et d'arbres mais aussi de tout le rayonnement qui émane d'elle au cours des années. Une ville ne s'appréhende pas seulement avec les yeux et les oreilles. Non : c'est d'abord avec le nez, ensuite avec l'estomac, et finalement avec les nerfs. Les plus fortes sensations sont olfactives ».

Les étrangers [Sándor Márai]

  « L'homme aime tant l'homme que, quand il fuit la ville, c'est encore pour chercher la foule, c'est-à-dire pour refaire la ville à la campagne ».

 Mon cœur mis à nu [Baudelaire

 « Les gens riches à Paris demeurent ensemble, leurs quartiers, en bloc, forment une tranche de gâteau urbain dont la pointe vient toucher au Louvre, cependant que le rebord arrondi s'arrête aux arbres entre le Pont d'Auteuil et la Porte des Ternes. Voilà. C'est le bon morceau de la ville. Tout le reste n'est que peine et fumier ».

  Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline [Céline

 « Les grandes villes rendent fou, elles vous sucent l'âme et la recrachent comme une chique ».

Le voleur d'ombres [Marc Levy]

 « C'est à la campagne qu'on apprend à aimer et servir l'humanité : on n'apprend qu'à la mépriser dans les villes ».

 Les confessions [Rousseau] 


  
« Les villes s'apprivoisent, ou plutôt elles nous apprivoisent ; elles nous apprennent à bien nous tenir, elles nous font perdre, petit à petit, notre gangue d'étranger ; elles nous arrachent notre écorce de plouc, nous fondent en elles, nous modèlent à leur image - très vite, nous abandonnons notre démarche, nous ne regardons plus en l'air, nous n'hésitons plus en entrant dans une station de métro, nous avons le rythme adéquat, nous avançons à la bonne cadence, et qu'on soit marocain, pakistanais, anglais, allemand, français, andalou, catalan ou philippin, finalement Barcelone, Londres ou Paris nous dressent comme des chiens ».

  Rue des voleurs [Mathias Enard] 

 « Dans une grande ville, pour peu qu'on regarde aux fenêtres, on se sent entraîné vers la poésie épique; dans un village, au contraire, on ne composera que des idylles ou des poésies lyriques. Il serait peut-être possible de diminuer les miasmes de la peste morale qui règne dans les grandes villes, comme on chasse ceux de la peste ordinaire, en y plantant beaucoup d'arbres. Les Grecs en plantèrent dans plusieurs de leurs cités, et en si grand nombre, par exemple, selon Pausanias, à Chalcis et à Eubée, que l'on ne pouvait plus y voir les maisons. Plantez un hameau, un jardin, une forêt dans vos villes empoisonnées, ce sera toujours quelque chose ».

  Pensées extraites de tous les ouvrages de Johann Paul Friedrich Richter [Jean-Paul]

 « Il existe certains coins comme ça dans les villes, si stupidement laids qu'on y est presque toujours seul ».

  Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline) [Céline]

 « Il y a des villes comme Florence, les petites villes toscanes ou espagnoles, qui portent le voyageur, le soutiennent à chaque pas et rendent sa démarche plus légère. D'autres qui pèsent tout de suite sur ses épaules et l'écrasent, comme New York, et il faut y apprendre peu à peu à se redresser et à voir ».

Carnets III, mars 1951-décembre 1959 [Camus]

 « La ville ne dit pas son passé, elle le possède pareil aux lignes d'une main, inscrit au coin des rues, dans les grilles des fenêtres, sur les rampes des escaliers, les paratonnerres, les hampes des drapeaux, sur tout segment marqué à son tour de griffes, dentelures, entailles, virgules. Les villes comme les rêves sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses; et toute chose en cache une autre ».

 Les Villes invisibles [Italo Calvino] 

 « En ville, un enterrement, c'est un embouteillage. À la campagne, c'est une distraction pour l'après-midi ».                  

  [Georges Ade] 

 « Elle est belle cette ville parce qu'imparfaite, parce que fissurée de partout, à voir ces gens y vivre, par-dessus tout ». 

 Ma guerre sera avec toi [Mylène Bouchard]

   « L’air de la ville rend libre ».                                                              

     Proverbe allemand

  « Ordure, désordre, promiscuité, frôlements ; ruines, cabanes, boue, immondices ; humeurs, fiente, urine, pus, sécrétions, suintements : tout ce contre quoi la vie urbaine nous paraît être la défense organisée, tout ce que nous haïssons, tout ce dont nous nous garantissons à si haut prix, tous ces sous-produits de la cohabitation, ici ne deviennent jamais sa limite. Ils forment plutôt le milieu naturel dont la ville a besoin pour prospérer ».

Tristes tropiques [Claude Lévi-Strauss]

   « Au centre-ville, le bruit, c'est comme la pauvreté : on n'en a jamais fait le tour ».

 La belle amour humaine [Lyonel Trouillot]

 « Vous avez vu les panneaux d’affichage de soixante mètres de long en dehors de la ville ? Saviez-vous qu’avant ils ne faisaient que six mètres de long ? Mais avec la vitesse croissante des voitures, il a fallu étirer la publicité pour qu’elle puisse garder son effet ».

 Fahrenheit 451 [Ray Bradbury] 

 « Les villes, que nous habitons, sont les écoles de la mort, parce qu'elles sont inhumaines. Chacune est devenue le carrefour de la rumeur et du relent, chacune devenant un chaos d'édifices, où nous nous entassons par millions, en perdant nos raisons de vivre ».

 Bréviaire du chaos, Albert Caraco

  « Les villes ne sont jamais que des ensembles plus ou moins réussis de tiroirs échafaudés les uns sur les autres ».

 Vivre en survivant [Jacques Sternberg]

   « C'est bon les villes inconnues ! C'est le moment et l'endroit où on peut supposer que les gens qu'on rencontre sont tous gentils. C'est le moment du rêve. On peut profiter que c'est le rêve, pour aller perdre quelque temps au jardin public ». 

 Voyage au bout de la nuit [Céline] 

 « Eh bien, c’est ça la ville : s’occuper de tous les quartiers sans oublier l’ensemble, s’occuper de tous les secteurs sans oublier l’ensemble, s’occuper des âges, de tous les âges sans oublier l’ensemble, s’occuper de toutes les catégories sociales sans en oublier aucune, mais toujours sans oublier l’ensemble, le détail et le tout, et puis évidemment l’international ».  

Discours d’Erik Orsenna, de l’Académie Française, le 19 décembre 2007 [Erik Orsenna]

  « Je n’ai jamais autant ri que dans le bidonville. On trouvait toujours des occasions de s’amuser. Au bidonville, beaucoup de pauvres étaient riches. C’était merveilleux. Ils n’étaient attachés à rien ». 

 Mille et un bonheurs [Sœur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin]

 « Je n’arrive pas à rêver d’une ville quand je suis dans la ville : il faut que je sorte de la ville pour qu’elle puisse m’habiter ». 

[Dany Laferrière]

 « Paris est la seule ville au monde où mourir de faim est encore considérée comme un art ».

 L'Ombre du vent [Carlos Ruiz Zafon]

 « Les hommes se rassemblent dans les villes pour vivre. Ils y restent ensemble pour jouir de la vie !»                                                                                   

Aristote (384-322 av. J.-C.)

 « La rue est le cordon ombilical qui relie l’individu à la société.» 

             Victor Hugo (1802-1885)

 « Les villes portent les stigmates des passages du temps, et occasionnellement les promesses d’époques futures.»

Marguerite Yourcenar (1903-1987)

 « La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des mortels.»

 Charles Baudelaire (1821-1867)

 « La ville est pourtant ce qui compte le plus, qui doit compter le plus. Parce que rien n’est plus nous-mêmes que ça. Quand elle change, c’est nous qui la faisons changer.»

 Eugène Guillevic (1907-1997)

   La ville est invivable à cause de la voiture. La campagne est invivable sans la voiture

          ( ? entendu à la radio)

 Un homme qui n’est pas informé est un sujet, un homme informé est un citoyen. 

 Alfred Sauvy.

  Je ne vois pas pourquoi je m’occuperais des générations futures : elles n’ont jamais rien fait pour moi.                                                                                              

Groucho Marx

   L’avenir m’intéresse parce que c’est là où j’ai l’intention de passer mes prochaines années ! 

 Woody ALLEN

 " Les bons fabricants de la ville, élus, urbanistes, architectes, paysagistes, rajoutent des choses les unes aux autres, regardent autour d'eux, sont attentifs à ce qui est déjà là, à ce qui se trouve dans le voisinage.

 Ils ne laissent pas le privé confisquer les trottoirs sans limites, ils préservent l'espace public, ce vide gratuit, autant qu'il peuvent.

 Ils sont précautionneux, un peu prudents peut-être, minutieux sur les détails.

 Ils se soucient des petites choses : les vues qu'ils créent, les courants d'air, l'ensoleillement, les ombres portées.

 Ils s'interrogent sur le beau, ils ne le considèrent pas comme un luxe.

 Ils veulent refaire de la ville un rêve populaire. Ils le partagent. Les bons sont modestes. Ils acceptent de regarder les gens vivre. Et ils corrigent le tir s'il le faut.

 Ils ne racontent pas aux gens des sornettes sur le bonheur.

 Ils ont une morale en somme".

 Sybille VINCENDON, « Petit traité des villes à l’usage de ceux qui les habitent »

 

http://www.letudiant.fr/bac/toutes-les-citations-sur-la-societe-2eme-partie-13443/les-citations-sur-la-ville-19322.html

 http://www.dicocitations.com/citations-mot-ville-18.php


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